La mer était agité, le soleil voilé. De lourds nuages menaçaient à l'horizon et de fines zébrures lumineuses se distinguaient dans leur masse spectaculaire. Pas de doute la fière embarcation du seigneur Hawai pointait vers les îles septentrionales, fiefs des guerriers de la Horde.
— Faîtes baisser la voilure, sortez la deuxième rangée de rames! Fit Hawai d'un ton autoritaire. La tempête est sur nous!
Les pieds solidement ancrés sur le pont du navire le seigneur Hawai tenait la barre et scrutait l'horizon. Ce n'était pas tant la tempête qui le préoccupait, mais plutôt son avenir sur ce monde. De multiples questions bourdonnaient dans sa tête. Quel est mon rôle? Qu'attendent les Dieux de ma vie sur cette terre? Ai-je un acte à accomplir? Suis-je destiné à la gloire?
A travers le prisme de la tempête, son esprit vagabondait et revisitait ses vies antérieures. Il se voyait diplomate. Oui! diplomate d'une vieille alliance, dont le nom s'est perdu dans les limbes de l'histoire, son rôle avait été grand mais fastidieux. Non il ne se voyait plus diplomate.
Tenant fermement les rennes de son embarcation, les premiers creux des vagues se firent sentir, accompagnés d'un soudain brouhaha provenant du pont inférieur. Le second accouru vers le seigneur Hawai.
— Maître ! une mutinerie s'est déclarée à bord! 4 rameurs ne veulent pas affronter la tempête et demandent qu’on double leur paie, fit le second essouflé
Soudain brutalement ramené à la réalité, de plus contre sa volonté, son sang ne fit qu'un tour et la fureur chassa ses précédentes pensées. Il dégaina sa large épée.
— Second Eckmull, occupe-toi de la barre! Le navire est sous ta responsabilité. Ne failli pas à ta tâche !
Dans une humeur noire, le regard carnassier, le maître du navire descendit d’un pas assuré en direction du pont inférieur. A présent, les vent tourbillonaient et certaines vagues passaient déjà par-dessus le bastingage. Le noir des nuages donnait à la scène des airs d’apocalypse. D’où venait cette soudaine fureur ? Hawai chassa cette question au moment où il aperçut le groupe de mutins, épées et gourdins au poing entourés d’un groupe de gardes.
— Ecartez-vous gardes ! Qui sont ces hommes qui refusent de travailler et bafouent ainsi mon autorité ! Tonna le seigneur. DONNEZ VOS NOMS, BANDE DE CRÉTINS !
Devant le regard noir et défiguré par la fureur du seigneur Hawai, les gardes s’écartèrent et laissèrent la place aux 4 marins hébétés de voir le capitaine en personne, épée au poing leur faire face.
Le premier rameur s’avança et annonça :
— Je suis Lorck de la cité des Saintes, je ….
Avant même qu’il ait eu le temps de terminer sa phrase, la tête de l’homme toucha le sol dans un gargouillis de sang. La lame du seigneur s’agitait dans l’air comme une éclair, un deuxième marin tomba le ventre ouvert.
— Vous voici ainsi pardonné âmes misérables! fit Hawai d’un ton monocorde.
Les deux autres rameurs s’enfuirent.
— Rattrappez-les et mettez-les aux fers, hurla hawai, je ne courrai pas derrrière des lâches.
Un éclair déchira le ciel et s’abattit à quelques coudées du navire, Hawai ne vit rien, ne senti rien : désormais il savait, il avait la réponse à ses questions
— Je suis un guerrier, demain nous irons prêter allégeance à la Horde, que les Dieux soient avec nous ! Avance fier navire !